VOZ PASSIVA. 125

26-02-2023 08:33

No número 30 da prestigiada revista Le Miroir d’Isis, recentemente publicado, Jean-Marie d’Ansembourg abre a sua rubrica de crítica “Lire sans délire” com uma recensão de Philosophie et Kabbale, a tradução em língua francesa do livro axial de António Telmo, que foi editado em França no final de 2021 por Les Éditions de la Tarente, com prefácio de Sylvie e Rémi Boyer. É essa recensão que aqui reproduzimos integralmente.

 

Philosophie & Kabbale

Antonio Telmo — Préface de Sylvie et Rémi Boyer

Les Éditions de la Tarente, 2021, ISBN 978-2-916280-76-9

Jean-Marie d’Ansembourg

 

Dans le dernier Miroir, j'ai eu le plaisir de présenter «La Voie des sans Maîtres» de Rémi Boyer.

Voici maintenant que Sylvie et Rémi Boyer nous font connaître un héritier de cet étonnant ensemble de personnalités portugaises qu'on pourrait appeler «l'École de Porto». Ce mouvement tradition-nel est manifestement trop ignoré des chercheurs francophones et les Boyer leur offrent à ce sujet une ouverture bien intéressante.

Depuis un bon siècle, ce courant lusitanien, encore bien vivant, véhicule une pensée philosophique, artistique et initiatique d'une richesse lumineuse devenue si rare dans notre monde obscur et mori-bond. On y trouve notamment le grand écrivain Fernando Pessoa (1888-1935) et le merveilleux peintre Lima de Freitas (1927-1998) dont quelques oeuvres illustrent le livre présenté par les Boyer.

Antonio Telmo (1927-2010), philosophe, poète, enseignant, fut surtout un insatiable étudiant des sciences traditionnelles. La Kabbale l'intéressa tout particulièrement; c'est peut-être elle qui l'amena à explorer les secrets de sa langue maternelle, à la recherche d'une Grammaire originelle fondée sur la Sagesse éternelle.

«Philosophie et Kabbale» est un recueil de textes d'Antonio Telmo qui témoigne de la diversité de ses recherches. Comme il fur martiniste, on ne s'étonnera pas d'y découvrir un belle étude du «Crocodile, ou la guerre du bien et du mal» de Louis-Claude de Saint-Martin, dans laquelle est démontré que, comme le Bien, «le Mal doit aussi être expliqué en Dieu», ce qui exclut toute erreur de Dualisme.

Glanons quelques pensées qui reflètent la profondeur de ces textes.

«Tous les points de la totalité infinie sont unis entre eux par un arbre invisible. Cet arbre ne pousse pas du bas vers le haut, mais du haut vers l'abîme. Il incombe juste à l'homme d'inverser en lui le courant qui vient d'en haut, en invitant les voix les plus profondes de l'abîme à chanter un cantique de louange» (p. 30).

«Le mal, c'est l'écorce, l'extérieur, le rigide qui est mort sur le vivant, mais qui peut être brûlé, purifié par le feu de la fin du monde» (p. 31).

«Le cabalisme trouve en Dieu le mystère du sexe. Il rejette l'ascétisme et considère le mariage, non comme une concession à la fragilité de la chair mais plutôt comme un mystère très important. Si le mariage est véritable, il réalise symboliquement l'union de Dieu avec la Schekinah» (p.101).

«Comment l'herméneutique est-elle possible sans l'expérience correspondant à celle de l'auteur du texte» (p. 105).

Il faut aussi absolument lire «Le Secret des Lusiades» (pp. 183-198), consacré au déchiffrement du célèbre poème épique de Camoens (1524-1580): sous le voile du voyage aux Indes de Vasco de Gama se cachent les secrets de l'Amour, clé de la descente aux enfers précédant, comme l'illustre Dante, le Retour au sein de notre véri-table Patrie. Camoens a lui-même écrit:

«Comprenez que, selon l'Amour que vous aurez, L'entendement de mes vers vous sera donné» (p. 183).

Le chercheur pourra pêcher bien d'autres perles fines dans cette trentaine d'extraits des oeuvres d'Antonio Telmo.